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J'aurai ta peau

E-mail sans réponse

            La boule soudaine à l’estomac. Le bout des doigts qui tremble un peu. Fébrile comme si je faisais l’ouverture du journal. Physiquement déchiré. J’aurai donné cher pour recevoir ce mail courant juillet. Trop cher sûrement. Dans le domaine de la séduction, c’est la brute qui gagne, pas le gentil. Faut dire, j’ai pas l’habitude du deuxième rôle. Je découvre. Je commence à bien m’y connaître cela dit, ça fait quoi… 9 mois que j’apprends. 9 mois… personne ne m’avait dit que ça pouvait durer si longtemps. C’est le genre de truc qu’on devrait t’apprendre au collège. Option biologie sentimentale. « Les enfants je vous préviens, la plupart du temps ça dure une ou deux semaines, mais y a des exceptions, y a des cœurs qui s’accrochent de tous leurs ventricules ». J’ai essayé de le neutraliser pourtant, on peut pas m’accuser de n’avoir rien essayé. J’avais jamais demandé conseil à autant de monde. Entendre tes meilleures amies te dire qu’elles ne te comprennent ni ne te reconnaissent. Prendre des résolutions qu’on tiendra 24 heures. À grande peine. Rappeler, exercice de respiration pour prendre une voix enjouée, essuyer le répondeur comme un dernier métro raté. Bloquer sur la photo de son profil facebook sans pouvoir aller plus loin, imaginer même pirater sa boîte mail pour vérifier si elle ne parle pas de moi (alors c’est quoi le deuxième prénom de ton père ?). Finir par taper « reconquérir son ex » sur Google, en cherchant tout autour la confiance en soi qui a déserté le terrain. Et surtout y penser. Y penser tout le temps. En se couchant, les yeux qui restent ouverts sur elle malgré les paupières closes. En s’éveillant, avant même la conscience… avant même la conscience !

Plus d’un jour sur deux, depuis tout ce temps, tu es ma première pensée. Et les moments où on s’y attend le moins, eux ce sont les pires. Tu travailles, tu discutes, tu rigoles, tu descends d’un bus, tu sors de la douche… et ça te prend d’un coup aux tripes. La nausée. La certitude d’avoir tout sauf ce que l’on désire au plus profond de soi. Et ce manque qui t’écrase et qui t’enfouis en lui, comme une avalanche brûlante que je persiste chaque jour, mais sans savoir comment, à déclancher.

 

Et l’écriture. L’inspiration même qui ne parle que d’elle. On peut être l’héroïne de tant de poèmes à la suite ? Je n’écris plus que pour dire combien je la cherche et combien elle me manque. Et l’amour physique. Rompre parce qu’on se surprend à penser à elle étendu sur une autre. Se dire « ça, c’est la première fois que ça m’arrive » et réaliser qu’être amoureux fou, c’est être prêt à tout, y compris à tordre son identité jusqu’à ce qu’elle devienne toute blanche.

 

Être tenté, en permanence, de lui parler sous des prétextes insensés. Naviguer douloureusement entre la peur de trop en faire et l’angoisse de la perdre tout à fait. Répéter, en cuisinant par exemple, des confessions libératoires. « Tu sais, je t’aime toujours. Je n’ai jamais cessé de t’aimer depuis que je suis revenu vers toi. Je pensais que ça partirait, avec le temps. Je me rends compte que je vis avec, que ça ne m’a jamais quitté. Par respect pour toi, lorsque tu m’as dit ’’Assez’’, j’ai arrêté de t’écrire. Mais j’ai continué à vivre avec, malgré le chagrin que ça me procure. Même lorsque l’on s’est revus à Paris –ces heures où je pesais un kilo, un kilo de bonheur pur– je n’ai rien dit. Et te quitter dans une galerie de métro, c’est une des choses les plus dures que j’ai jamais dû faire. Je n’ai jamais aimé quelqu’un comme je t’aime. Si fortement, si tendrement, si obstinément. »


Tranquillement projeté par Royal-ornythorinque, le Samedi 16 Août 2008, 10:26 dans la rubrique "Nuits blanches".


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