Plus d’un jour sur deux, depuis tout ce temps, tu es ma première pensée. Et les moments où on s’y attend le moins, eux ce sont les pires. Tu travailles, tu discutes, tu rigoles, tu descends d’un bus, tu sors de la douche… et ça te prend d’un coup aux tripes. La nausée. La certitude d’avoir tout sauf ce que l’on désire au plus profond de soi. Et ce manque qui t’écrase et qui t’enfouis en lui, comme une avalanche brûlante que je persiste chaque jour, mais sans savoir comment, à déclancher.
Et l’écriture. L’inspiration même qui ne parle que d’elle. On peut être l’héroïne de tant de poèmes à la suite ? Je n’écris plus que pour dire combien je la cherche et combien elle me manque. Et l’amour physique. Rompre parce qu’on se surprend à penser à elle étendu sur une autre. Se dire « ça, c’est la première fois que ça m’arrive » et réaliser qu’être amoureux fou, c’est être prêt à tout, y compris à tordre son identité jusqu’à ce qu’elle devienne toute blanche.
Être tenté, en permanence, de lui parler sous des prétextes insensés. Naviguer douloureusement entre la peur de trop en faire et l’angoisse de la perdre tout à fait. Répéter, en cuisinant par exemple, des confessions libératoires. « Tu sais, je t’aime toujours. Je n’ai jamais cessé de t’aimer depuis que je suis revenu vers toi. Je pensais que ça partirait, avec le temps. Je me rends compte que je vis avec, que ça ne m’a jamais quitté. Par respect pour toi, lorsque tu m’as dit ’’Assez’’, j’ai arrêté de t’écrire. Mais j’ai continué à vivre avec, malgré le chagrin que ça me procure. Même lorsque l’on s’est revus à Paris –ces heures où je pesais un kilo, un kilo de bonheur pur– je n’ai rien dit. Et te quitter dans une galerie de métro, c’est une des choses les plus dures que j’ai jamais dû faire. Je n’ai jamais aimé quelqu’un comme je t’aime. Si fortement, si tendrement, si obstinément. »
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