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J'aurai ta peau

Papa

T'es rien, tu comptes pas, t'as déjà
Disparu de ma vie, ta moustache ne hante rien, elle ne m'étouffe plus
Ne pousse plus aux endroits où je m'y attends le moins, tes pas dans le couloir
Ne m'effrayent pas j'ai passé l'âge, je n'ai plus besoin de changer de sujet
D'éteindre mes yeux quand tu entres
Quand tu pénètres

Car tu pénètres

Chacun de tes gestes assassine le moment, la parole est devenue la roulette russe
Tu braques, tu violes sans les mains, quand tu te retourneras
Je ne bougerai plus, j'oserai même pas essuyer ton souffle cramé, et la main que tu me tends
C'est une gifle cousue de silence
J'arrête d'écrire pourquoi, j'ai épuisé le mot. Je sais et ça
N'aide pas.

Je me dis que par chance ou par accident tu as réussis ton projet
Tu as fais de moi un homme
Comme toi


Tranquillement projeté par Royal-ornythorinque, le Lundi 22 Mars 2010, 13:15 dans la rubrique "Inspiration".

poussage(s) de coude :

aphone
aphone
15-08-10 à 16:34

Salut =)
J'aime beaucoup ce texte...
Pourquoi tu as rayé "comme toi" à la fin ?

 
Royal-ornythorinque
Royal-ornythorinque
17-08-10 à 00:14

Re:

avant que je te réponde, dis moi pourquoi à TON avis

 
aphone
aphone
17-08-10 à 15:38

Re:

Dur.
J'ai plusieurs idées je ne sais pas si je vais les expliquer clairement.

"Tu as fait de moi un homme".
L'enfant est devenu un homme en découvrant le sexe trop tôt, donc "homme" dans le sens "adulte", enfance volée par le père qui force son enfant à devenir adulte trop jeune.

"Comme toi"
Si je comprends le sens du poème, le père pénètre (dans la chambre ou dans l'enfant, c'est pareil, la chambre étant l'intimité).
Le père est donc incestueux de façon homosexuelle, alors "comme toi" pourrait être la négation de cette homosexualité (devenu un homme oui, mais pas un homme homosexuel)
Mais ça peut être aussi l'homme incestueux qui abuse un enfant (son enfant), l'enfant est devenu un homme, mais pas un homme qui abusera à son tour d'enfants.
Plus simple, ça pourrait juste être par rapport à un tout, une sorte de "je ne suis pas toi, je ne suis pas comme toi", refus de ressembler au père, d'être biologiquement issu de lui, sur le plan physique et psychologique, de la colère.

Voilà un peu mon avis mais je ne fais qu'interpréter, à l'auteur de m'éclairer maintenant =)

 
Royal-ornythorinque
Royal-ornythorinque
18-08-10 à 15:35

Re:

Ce que je crois, c'est que le sens que tu donnes à un poème a autant d'importance (ni + ni moins) que celui que l'auteur a donné. Ce n'est pas parce que c'est l'auteur que son sens original est le + intéressant. C'est ça qui est fabuleux par rapport au roman, c'est que le lecteur peut avoir une lecture + belle encore que celle de l'auteur.

Pour info donc, le sens original est proche de la 3ème interprétation car, dans ma tête en tous cas, il n'est pas question de sexe. Il est question de violence, de viol psychologique effectivement "tu violes sans les mains". Mais c'est ressenti comme un viol par l'enfant/ado. Comme une violation de son intimité. On lui prend de force quelque chose qui lui manquera toute sa vie. Et il ne peut pas se défendre.
Pour le comme toi barré, c'est parce que les 2 sens sont vrais :
- tu as fait de moi un homme
- ... mais tu as fait de moi un homme qui te ressemble, c'est à dire pas très équilibré
- si je barre le "comme toi" c'est parce que je ne supporte pas l'idée que ce soit vrai, même si je sais au fond que ça l'est probablement, et que je fais tout pour combattre cette tendance. Une sorte d'auto-conviction en barrant les mots qui gênent

 
aphone
aphone
18-08-10 à 18:13

Re:

Oui c'est vrai, et bien souvent il y a beaucoup plus d'interprétations faites par les lecteurs que par les auteurs, c'est souvent très enrichissant pour un texte !

Je suis contente que tu m'aies expliqué. Barrer parce qu'on ne supporte pas certains mots, qui pourtant sont présents à l'esprit. J'ai du mal à comprendre qu'on puisse publier quelque chose de barrer (pourquoi ne pas l'enlever alors ?), je comprends mieux à présent.

Je ne savais pas trop si tu parlais de sexe ou pas, mais les séquelles sont les mêmes voire pires, ce genre de traumatisme peut être dénié très facilement. "Les violences psychologiques détruisent et nient l'existence de l'autre au point qu'il en arrive à nier sa propre souffrance". C'est donc bien d'en être conscient et de l'exprimer. Et d'en faire des poèmes ! Moi ça me touche de lire tes textes =)

 


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