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J'aurai ta peau

Dialogue avec ton père

                                                                            A Coralie

Ce n’est pas parce que nous avons fait l’amour

Dans ta maison natale, ni parce que des fuites

Et des mensonges se sont échappés de nos gorges

Ce n’est pas dû au délai de nos marches nocturnes, de la fenêtre

Au lit jardiné de frais, les buissons –pourtant sensibles– ne s’étaient

Pas plaint il me semble

Que vous exagérez quant à l’attraction dont nous faisons preuve l’un envers l’autre

Celle-ci n’explique pas l’exclusion en tous les cas, elle la confirme.

Comprenez-moi bien : … mais vous criez déjà, à peine le temps de raccrocher

Vous ne demandez pas plus avant des nouvelles de votre propre (?) fille

Elle qui vous reste dévouée dans son indifférence, elle qui pense à vous

Lorsqu’elle ne pense à rien, juste avant, vous savez, de penser

Au suicide. Lorsque nous parlons à voix basse de votre sexe grave, elle prend cet air

Placide, comme pour signifier qu’elle ne vous tient pas lieu de géniteur. Ni ne vous

Tient offense. Pour quelles raisons ? Il s’agit certainement d’une de vos questions

De rhétorique, elle m’en avait parlé. Je commence il est vrai à vous connaître comme le père

Que je n’aurai pas –non plus–  aimé avoir. Comme si l’on se rencontrait en suivant

Plus avant

Le chemin de nos pères. Cette idée me rassure en plus qu’elle m’effraie. Je me sens

Étrangement

Prêt et fin à l’idée d’être frappé par vous. Ce serait une conclusion formidable, une manière

Enchanteresse de clore le cercle dont votre fille a tracé les neuf huitièmes. On n’attendait plus

Que vous.

Tranquillement projeté par Royal-ornythorinque, le Mercredi 15 Novembre 2006, 20:56 dans la rubrique "Nuits blanches".


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